Vers un «maître-architecte» pour la Wallonie ?

Les architectes belges réclament l’embauche d’un maître-architecte pour la Wallonie, comme il en existe pour Bruxelles et la Flandre. En cause : le code wallon de l’aménagement du territoire, «très complexe, incertain et bourré de procédures».

Philippe Henry, ministre wallon de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. © Belga

La Fédération royale des sociétés d’architectes de Belgique (FAB) réclame un «maître-architecte» pour la Wallonie, comme il en existe déjà à Bruxelles et en Flandre. En cause : le code wallon de l’aménagement du territoire, jugé «très complexe, incertain et bourré de procédures pour avoir les autorisations de construction» par Jan Ketelaer, représentant de la fédération.
Un maître-architecte est quelqu’un chargé de définir une ligne pour une architecture de qualité dans la Région pour laquelle il travaille. Tous les pouvoirs publics doivent passer par lui quand il s’agit de construire un bâtiment.
Le bureau d’architecture bruxellois L’Escaut dénonce le manque de vision des pouvoirs publics wallons dans la passation des marchés publics, rapporte samedi La Libre Belgique. Selon Michael Bianchi (bureau L’Escaut), la SPI+, l’Agence de développement pour la province de Liège, sous-budgétise les projets, comme dans le dossier de la requalification du site du Val Benoît à Liège, auquel L’Escaut renoncera à cause de la rémunération proposée, largement en-dessous de ce qui se fait généralement ailleurs en Belgique et en France.
A la SPI+, on se dit très surpris par ces propos. Selon Frédéric Van Vlodorp, son porte-parole, l’avis de marché concernant le projet du Val Benoît prévoyait notamment que les soumissionnaires pouvaient estimer eux-mêmes leurs honoraires pour une partie du projet. «Nous ne sommes pas stricts pour le plaisir, précise-t-il. Nous constatons qu’il y a malgré tout des bureaux qui remettent des offres. Donc, c’est possible.»
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Maison plus « verte », maison plus chère

Le coût de construction des habitations va-t-il partir à la hausse, tiré par les impulsions environnementales de l’Europe ? « Une directive prévoit que d’ici à 2020, les nouvelles habitations ne devront consommer quasiment aucune énergie, rappelle Marc Depraetere pour le groupe Matexi, développeur spécialisé dans le résidentiel. Aux Etats membres d’appliquer cela comme ils l’entendent. »

© DR

En Belgique, la mécanique est enclenchée : Flandre en tête, les Régions imposent des normes de plus en plus strictes (lire cicontre). Avec quel effet sur les coûts ? « Une construction ultra-performante, comme une habitation passive, entraîne un surcoût de construction de l’ordre de 15 à 20 % », estime Jean-Pierre Liebaert, à la tête du département économique de la Confédération Construction. Une hausse que les candidats acquéreurs feraient bien d’intégrer dans leurs prévisions budgétaires puisqu’en immobilier, 2014, c’est demain.

La norme « E »

Contrairement au coefficient « K » qui mesure le niveau d’isolation, la norme énergétique « E » évalue la consommation d’énergie d’une habitation. Plus la norme est basse, moins l’habitation est énergivore. A Bruxelles, les constructions neuves ne peuvent dépasser E 90, la norme passant à E 70 dès juillet 2011. L’exigence wallonne pour les constructions neuves passera de E 100 à E 80 en septembre de cette année et vise la norme « basse énergie » (aux alentours de E 60) dès 2014. La Flandre est la plus stricte : de E 80 actuellement, la construction devra passer à E 70 dès janvier 2012 et E 60 dès janvier 2014.

« Ce surcoût reste à objectiver », insiste Marc Depraetere. C’est le but de l’expérience menée à Anvers. Matexi y construit deux maisons qui répondent, selon les premières estimations, à la norme E 20. « Soit une habitation à peu près passive, coûtant environ 350 euros par an en énergie. » Budget nécessaire : quelque 30 % de plus que pour l’érection d’une maison de type E 80. « Si l’on bâtit à grande échelle, ce supplément va diminuer. »

Un constat partagé par Jean-Pierre Liebaert. « Nous sommes passés par là pour les panneaux solaires ; c’est en cours pour les voitures électriques. Nombre de bâtisseurs pour compte propre vont au-delà des normes et la promotion livre de plus en plus d’habitations “basse énergie”, alors qu’il y a cinq ans, personne ne savait ce que c’était ! Il faut laisser le temps au marché de se diriger vers ces normes, afin que le surcoût d’exception disparaisse. »

Pour l’économiste de la Fédération Construction, le financement de ces habitations plus onéreuses à la construction mais plus économes à l’usage ne devrait pas poser problème. « Opter pour une habitation économe est un véritable investissement, ce n’est pas un caprice comme une façade bardée de dorures. Si la facture énergétique d’un ménage diminue, sa capacité d’emprunt augmente. Tous les analystes crédit des banques n’ont sans doute pas encore bien intégré cela. »

Source: Le soir.be

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« Crédit Vert »

Dans le cadre du plan de relance économique, le gouvernement a pris la décision, fin 2008, d’instaurer des crédits verts avec bonification d’intérêt, notamment pour soutenir l’économie belge et le secteur de la construction, rappelle Febelfin, la Fédération belge du secteur financier, dans un communiqué.
Dans ce cadre, l’Etat intervient à concurrence de 1,5 % dans le taux des crédits conclus entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2011 par des personnes physiques afin de financer des dépenses en vue d’économiser l’énergie : installation de panneaux solaires, isolation de toitures, double vitrage, etc. Le plafond de cette intervention a été fixé à 15.000 euros par an, par habitation et par emprunteur. Il a également été prévu que les autres intérêts qui ne sont pas pris en charge par l’Etat et que les emprunteurs doivent payer eux-mêmes sont fiscalement déductibles à concurrence de 40 %.
Depuis l’entrée en vigueur de cette mesure, de très nombreux «crédits verts» ont été accordés, souligne Febelfin : «En 2010, environ 60.000 crédits (sous forme de prêts hypothécaires ou à la consommation) ont ainsi été contractés pour un montant total d’environ 1 milliard d’euros. Une hausse notable a surtout été observée vers la fin de 2010, qui tient probablement à la réduction sensible intervenue début 2011 de certaines autres interventions (publiques), comme en ce qui concerne les certificats verts
Or, ajoute la fédération financière sur base d’une étude de McKinsey consacrée à l’efficacité énergétique en Belgique, «environ 30 milliards d’euros d’investissements en efficacité énergétique devront être consentis dans les 20 prochaines années dans les bâtiments et l’industrie pour que la Belgique puisse réaliser les objectifs climatiques en la matière prévus par l’Union européenne. Le secteur financier a calculé que ces investissements dans les bâtiments et dans l’industrie nécessiteraient un financement supplémentaire annuel de 1 milliard à 2 milliards d’euros.»
La mesure prise par le gouvernement concernant la bonification d’intérêt a déjà permis de réaliser en 2010 au moins la moitié de l’effort nécessaire, conclut Febelfin, qui demande dès lors «que cette mesure efficace soit prolongée au-delà de 2011 et soit, si possible, étendue aux crédits destinés à la construction d’une maison passive ou à la transformation d’un bien immobilier en une maison passive».
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